Même si la date était fixée depuis longtemps, le lieu lui, ne l’était pas. Avec Florian, nous hésitions entre Ager en Espagne et les calanques de Marseille. Les prévisions météo ne se sont précisées que quelques jours avant le départ. L’Espagne n’a malheureusement pas été épargnée par les précipitations avec le bilan humain que l’on connait. Même si l’option Ager pouvait se tenter, j’ai décidé d’opter pour les calanques, en raison de la météo. Cela a impliqué un long trajet lors d’un week-end de retour de vacances. J’ai bien senti que Florian acceptait mon choix la mort dans l’âme. Nous voilà donc partis jeudi soir, en direction de la cité phocéenne.

Cancéou – Le Ponant : Aven du Cancéou – Prends moi sec au-dessus du lagon bleu D+ 5c>5b II P1 E1

Après être arrivés au cœur de la nuit, nous fixons le réveil à 7h30. Direction le Cancéou et son Aven. Sorte de gouffre collé à la falaise, possédant un lagon bleu turquoise en son fond. Un passage sous l’eau permet d’accéder au grand large. Lieu très prisé, il y a du monde et de la queue dans les rappels d’accès. Avec la forte chaleur, nous décidons de prendre notre mal en patience et d’attendre à l’abri du soleil. Un changement d’objectif impliquerait alors de grimper en plein soleil et nous craignons alors avec Florian, que l’un d’entre nous ne fasse une insolation. Arrivés au fond de l’aven avec un grand rappel de 50m, il y a effectivement beaucoup de monde. Pour patienter, nous prenons notre courage à deux mains et décidons d’aller tester la température de la Méditerranée. Le crux de la journée est alors de choisir le bon timing entre les vagues pour entrer et sortir de l’eau. Les quelques baigneurs téméraires finiront tout le corps, plus ou moins marqué par les rochers lors de la transition terre-mer. Après cet intermède, nous enfilons les baudriers pour envisager la sortie. Nous grimpons alors 3 longueurs en 5c, bien équipées et très prisues dans un cadre unique. Mêlant longueurs en traversées et verticalité. La lampe frontale s’avère indispensable pour les premiers mètres au fond du gouffre. De l’ombre à la lumière. Une fois sortie de l’aven, une dernière longueur s’avère nécessaire pour rejoindre la vire d’accès. Le soleil finit par se coucher alors que nous descendons en direction de la voiture et du petit port de Morgiou. Après avoir regagné notre gîte, nous ne traînons pas pour souper. Il faut alors refaire les sacs et le matériel pour l’approche en canoë du lendemain.

Calanques – Eissadon – Cirque : Éperon W D- 5c>5b I P2 E2
Calanques – Eissadon – Aiguille : Sur les traces de Gaston D+ 6a+>5c II P1 E2

Réveil 6h pour un départ à 8h30 sur la plage de Cassis. Embarcation chargée à ras, pas le choix. Il faut bien se résigner à se mouiller pour la mise à l’eau.  Un départ chaotique, surtout quand je vois l’embarcation de Florian faire des ronds dans l’eau, un coup dans un sens, un coup dans l’autre. Pour continuer dans un style touristique assumé, Florian a pris la peine de nous fournir des pistolets à eau. Equipé de mon arme chargée, je propose alors mon aide à l’embarcation folle et m’assure qu’ils soient tous bien mouillés.  Après ces débuts désordonnés, nous prenons le cap de l’éguille d’Essadon.  Nous passons la calanque d’En Vau et prenons un virage vers l’objectif. L’équipe adverse composé d’Eliot, Léa et Florian s’échappe en tête. Bercé par les flots, Ethan et moi sentons le mal de mer nous guetter. A notre arrivée, une heure et demie plus tard, nous ne pouvons que constater le nombre de cordées voulant faire la classique du coin : « dans les pas de Gaston ».  Le crux de la journée et encore une fois le débarquement. Entre deux vagues, il nous faut remonter les canoës sur les rochers. Après une pause casse-croute, nous nous attaquons à l’éperon Ouest. Eliot et Florian partent en tête, suivis par Ethan, Léa et moi. La voie s’avérera plus équipée qu’annoncée sur le topo. Les difficultés n’excèdent pas le 5c dans cette voie à caractère montagnard. Il faut alors se méfier du rocher dans les premières longueurs. Nous assistons à un secours en hélicoptère dans une paroi voisine. Ambiance ! Après les sept longueurs, il est 14h quand j’assure depuis le dernier relais mes deux seconds. Je les sens alors fatigués. Transporté par le cadre et l’escalade, je réussis à motiver Eliot pour redescendre et partir dans notre objectif initial : « dans les pas de Gaston ». Florian se propose de prendre le relais sur l’assurage et de nous attendre aux canoës. Eliot et moi filons donc rejoindre le pied de la voie au bord de l’eau. La voie est composée de neuf longueurs, une majorité de traversée au bord de l’eau avec deux enjambées magnifiques. Une zipette et c’est la baignade assurée.  Nous faisons le tour de l’éguille avant de la remonter, au-dessus d’un chenal. Un bateau viendra s’aventurer pour nous observer. La longueur clé est un 6a+ victime du succès de la voie, les pas y sont ultra patinés. Il faut tout de même s’y employer. Bien que nous avançons rapidement, l’heure tourne et Florian prend la sage décision de partir devant avec les deux plus jeunes.  Nous les voyons s’éloigner sur leur embarcation alors que le soleil se couche. Après la descente en deux rappels, second crux de la journée avec la mise à l’eau. Dur de se motiver à entrer dans l’eau après avoir grimpé en short et torse nu toute la journée. Il fait bien nuit quand nous entamons le retour sur l’eau avec Eliot. Nous assistons alors à un phénomène que nous pensions alors réservé aux mers exotiques. Lorsque nous ramons, les remous produisent une lumière bleue phosphorescente. Il s’agit de phytoplanctons produisant cette lumière bleue qui illumine la surface de l’eau. Nous croisons une méduse, également bioluminescente. Le spectacle est féerique. Après cette parenthèse enchantée, nous apercevons les lumières de Cassis. Le Talkie s’allume alors. Florian nous explique qu’il a croisé la route d’un voilier fort sympathique, qui s’est proposé de les remorquer jusqu’à la calanque voisine de Port Miou. Pendant que certains cèdent aux sirènes du moindre effort, avec Eliot nous continuons de ramer. Les lumières de Cassis ne semblent pas se rapprocher et nous trouvons alors le temps long. Au bout de l’effort, nous retrouvons nos trois comparses sur la plage pour notre arrivée triomphante. Nous sommes fatigués et apprécions de trouver des vêtements chauds et secs. Quelle journée ! Un enchainement digne de Christophe Profit ! Après avoir récupéré l’embarcation des trois fainéants, le temps du trajet nous commandons des pizzas. Après une bonne douche chaude, nous ne pouvons qu’apprécier le repas. La décision est prise de laisser la troupe dormir le lendemain.
La dernière journée sera consacrée à plier nos affaires et nous reposer avant d’entamer le trajet de retour sur Carbonne.

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